Tunis, le 6 mai 2015– Le Conseil d’affaires économiques et culturelles tuniso-belge, TUNBEL, a organisé aujourd’hui une grande cérémonie au Musée du Bardo afin de célébrer le 175e anniversaire de la signature du premier Traité d’amitié tuniso-belge signé en 1839 au Palais du Bardo par Ahmed Bey, bey de Tunis, et Léopold 1er, roi des Belges.
Cet événement coïncide avec la visite officielle en Tunisie de M. Didier Reynders, vice-Premier ministre belge et ministre des Affaires étrangères et européennes, chargé de Beliris et des Institutions culturelles fédérales.
Une grande exposition a été inaugurée ce matin dans le hall du Musée du Bardo comprenant des documents d’époque relatifs au premier Traité tuniso-belge en étroit partenariat avec les Archives nationales de Tunisie qui ont, à cette occasion, mis à disposition des documents d’une très grande valeur historique.
A cette occasion, M. Mahmoud Ben Abbès, président de TUNBEL, a déclaré : « l’organisation de cet événement au Bardo a une double-portée : d’abord il commémore le premier fondement de l’amitié entre les deux peuples tunisien et belge qui fut signé justement au Palais du Bardo, à l’époque cœur du pouvoir beylical ; et ensuite, il nous permet de rendre hommage aux victimes du terrorisme qui constitue une préoccupation actuelle commune à la Tunisie et à la Belgique ».
Après la cérémonie d’inauguration, c’est un grand colloque sur le thème « Regards croisés sur le 1er traité d’amitié tuniso-belge : 1839 » qui s’est déroulé en présence d’un nombre considérable de personnalités de tous bords. Le colloque a été animé par deux historiens, l’un Tunisien (M. Mehdi Jerad) et l’autre Belge (M. Christian Cannuyer).
Colloque : «Regards croisés sur le 1er traité d’amitié tuniso-belge : 1839 »
Mehdi JERAD, professeur chercheur en Histoire à la Faculté des Lettres et des Sciences Humaines de Sousse
« Nous avons évoqué d’abord le contexte dans lequel ce traité a été conclu, et qui propose d’établir une « paix éternelle » entre les deux pays. Nous avons analysé ensuite la terminologie employée dans ce document pour essayer de saisir les évolutions dont il témoigne. La comparaison entre les différentes versions du traité illustre une variété de termes employés pour qualifier une entité politique, voire un espace de souveraineté. En même temps, les différences entre ces versions consultées aux Archives Nationales de Tunisie confirment que le texte préparatoire du traité rédigé en arabe, a évolué au cours des négociations diplomatiques. L’intérêt de ce texte réside dans le fait qu’il permet une analyse des échanges possibles des deux côtés concernant l’état d’avancement vers la rédaction finale.
Il s’agit aussi d’étudier le contenu du traité de 1839. Comment expliquer la ratification d’un traité avec un pays éloigné comme la Belgique ? Quelles sont les perceptions de l’autre qui se dégagent à travers les interactions diplomatiques et quelles sont les différentes clauses de ce premier traité entre les deux parties contractantes ? CE sont les thèmes qui ont été développés ».
Christian CANNUYER, professeur à l’Université catholique de Lille, président de la Société Belge d’Études Orientales
« Ce n’est qu’en mars 1838 que le ministère belge des Affaires Étrangères fut en mesure d’installer à Tunis un consul, Jean-Baptiste d’Egremont. Un terme était ainsi mis à un vide regrettable provoqué par la Révolution belge de 1830, le nouvel État n’ayant pas assuré en Tunisie la continuité de la représentation diplomatique qu’y avait le royaume des Pays-Bas. Léopold Ier manifestait un intérêt personnel important pour l’implication de la Belgique dans l’empire ottoman : le souverain était convaincu de la nécessité pour son royaume d’une politique d’expansion économique et coloniale qui le hisserait au rang des grandes nations européennes. Dès novembre 1838, il promouvait le consul d’Egremont au rang de consul général et usa de son influence pour amener le diplomate à mettre sur pied le traité « d’amitié, de commerce et de navigation » conclu personnellement entre le bey Ahmed Ier et le roi des Belges le 14 octobre 1839. La Chambre des représentants n’en fut informée que plus d’un an plus tard, en novembre 1840, ce qui montre à suffisance que l’initiative de ce traité était principalement due au Roi, lequel avait par ailleurs bénéficié de l’entremise avisée de Joseph Raffo, alors secrétaire-interprète du Bey. Une discussion s’engagea à l’hiver 1840 sur le constitutionnalité de la démarche royale et sur le rapport à envisager entre le traité belgo-tunisien et ceux signés à la même époque (3 août 1838 et 30 avril 1840) avec l’empire ottoman, dont dépendait encore formellement la Régence de Tunis. Pour couvrir l’action du Roi, le chef du gouvernement, Joseph Lebeau, dut arguer que le traité d’octobre 1839 n’entraînait pour la Belgique aucune obligation mais se bornait à garantir la sûreté des personnes et des propriétés aux sujets belges dans le royaume de Tunis. Il ne pouvait, en tout état cause, être tenu comme un traité de commerce avec un État souverain, qui aurait dû obtenir l’assentiment des Chambres. »
Bref CV du conférencier :
Christian Cannuyer est né à Ath (Belgique) en 1957.
Licencié en histoire, en philologie orientale et en philologie biblique de l’université catholique de Louvain, il est docteur en égyptologie de l’Université Charles-De-Gaulle Lille-3.
Il enseigne depuis 1991 à la Faculté de théologie de l’Université catholique de Lille, les religions du Proche-Orient ancien, l’histoire des Eglises orientales, la langue copte. Il a également assuré quelques années le cours de copte à l’Ecole des Langues et des Civilisations de l’Orient ancien à l’Université catholique de Paris. Il est aussi Vice-Président du Centre d’Histoire des Religions « Cardinal Julien Ries » à l’Université catholique de Louvain.
Aux éditions Brepols, il dirige la collection « Fils d’Abraham », dont il a signé plusieurs volumes, notamment celui sur les Coptes d’Egypte, couronné du prix quinquennal d’histoire des religions Goblet d’Alviela.
Président, depuis 1994, de la Société Belge d’Etudes Orientales, il est l’auteur à ce jour de plus de 800 publications en égyptologie et en coptologie, sur les chrétiens d’Orient, et sur les dynasties européennes, ce qui lui vaut d’être souvent commentateur des grands événements royaux par certaines chaînes de télévision.
A propos de TUNBEL
Le Conseil tuniso-belge d’affaires économiques et culturelles, TUNBEL, a été créé officiellement le 3 juillet 2014. Sa mission est d’accompagner la Tunisie dans son déploiement économique, stimuler le partenariat commercial, attirer davantage les investissements belges, mettre en œuvre des joint-ventures dans les secteurs innovants, à forte valeur ajoutée et promouvoir les échanges culturels entre les deux pays.
Dans le respect des différences, essor économique et vie culturelle peuvent aller de pair, en effet. La culture n’est-elle pas facteur de développement social et porteuse de richesse et d’emplois ? De plus, La compétitivité du secteur de la culture sert au rayonnement national et contribue à la vitalité des territoires.
Présidé par Mahmoud Ben Abbès, Conseiller en Diplomatie Économique du Royaume de Belgique, le Conseil d’Administration de TUNBEL se compose de personnalités influentes et actives dans la société civile des deux pays:
• Jamel Gamra,
• Elyes Hamza,
• Jalloul Ayed,
• Hager Cherif,
• Pascal Bauwens,
• Lotfi Belhassine,
• Donia Hedda Ellouze,
• Michèle Sioen,
• Patrick Van Craen,
• Johnny De Meirsman,
• Serge Hustache.
Les membres d’honneurs sont :
• Taher Sioud,
• Ghazi Mabrouk,
• Slaheddine Ladjimi,
• Daniel Soil,
• Philippe Nizeyimana,
• Patrick Berckmans,
• Hedi Ben Abbès,
• Feu Slaheddine Ben M’Barek.
Ce Conseil dispose de vastes réseaux relationnels et cultive de nombreux atouts pour identifier les créneaux, concrétiser des projets créatifs dans tous les domaines, optimiser les partenariats et les opportunités de coopération et d’investissement.