Agences de voyages : un secteur au bord du gouffre
TUNIS, LE 26 JANVIER 2012- La Fédération Tunisienne des Agences de Voyages (FTAV) est contrainte de tirer la sonnette d’alarme vu la situation qui prévaut dans son secteur en ce début d’année 2012.
Les agences de voyages en Tunisie, toutes catégories confondues et quelles que soient leurs spécialités, se trouvent actuellement dans une situation de crise aigue qui pourrait aboutir à la fermeture de plusieurs dizaines d’entre-elles sur le très court-terme et de plus en plus à moyen-terme si les difficultés qu’elles rencontrent ne trouvent pas de solutions fermes et radicales. La fermeture de chaque agence de voyages signifierait la mise au chômage forcé de ses salariés.
Au vu de la situation qui prévaut et face à l’imbroglio touristico-administratif qui caractérise actuellement le secteur, et pour répondre à la demande de la base, la FTAV a décidé la convocation en urgence de ses adhérents (plus de 600 agences de voyages en Tunisie) pour une réunion de crise devant se dérouler le samedi 28 janvier 2012 courant.
Après une année 2011 marquée par la chute très prononcée des arrivées touristiques étrangères en Tunisie, les agences de voyages, maillon fondamental de la chaîne touristique, sont aujourd’hui confrontées à de nouvelles problématiques considérées comme très graves.
M. Mohamed Ali Toumi, président de la fédération, a estimé lors d’une récente réunion élargie du bureau directeur, que certaines agences de voyages, et notamment dans la région du Sud-Ouest, ne disposaient plus des moyens vitaux pour assurer leur survie. Et contrairement aux promesses faites par le gouvernement de transition après la révolution, aucune mesure de soutien n’a été apportée par l’Etat à ce jour. En conséquence, nombreuses sont les agences qui ne sont plus aujourd’hui en mesure d’honorer les échéances financières de la CNSS, des impôts ou encore des crédits en leasing (qui financent leur matériel roulant). De ce fait, la FTAV va officiellement saisir le gouvernement pour demander -non pas des annulations- mais des reports de paiement de ces engagements afin que les agences puissent disposer de cash-flow pour s’acquitter en priorité des salaires de leurs collaborateurs dans le but de préserver avant tout les emplois.
Par ailleurs, la FTAV déplore la situation tendue qui caractérise ses relations avec l’administration de tutelle, notamment pour ce qui concerne la problématique de la « caution ONTT » (qui risque d’entrer en application le 1er février 2012) ainsi que celle en rapport avec la limitation du kilométrage autorisé pour les excursions touristiques (qui touche aux agences spécialisées dans le transport terrestre).
Malheureusement, les agences spécialisées dans d’autres créneaux ne sont pas épargnées par les considérations administratives : celles qui font de l’Outgoing sont touchées de plein fouet par la décision de la Banque centrale de Tunisie de plafonner à 10 MD l’enveloppe destinée à l’Inclusive Tour. Les billettistes font face aux nouvelles conditions draconiennes posées par l’IATA (l’Association internationale du transport aérien) qui a révisé à la hausse les cautions bancaires. Les agences spécialisées dans le tourisme d’affaires et de congrès (MICE) sont confrontées à l’abandon par les entreprises étrangères de la destination Tunisie pour l’organisation de leurs événements professionnels (au vu du climat global qui règne dans le pays). Quant à l’activité des spécialistes des voyages aux Lieux Saints, celle-ci reste bridée par les restrictions imposées par la SNR (connue sous le nom de Montazah Gammarth) qui conserve la main-mise sur la Omra et le Haj.
Tous ces problèmes et bien d’autres mettent en péril la santé financière de tout un secteur et de ceux qui y travaillent. Les solutions existent pourtant mais leur mise en application demeure tributaire du bon vouloir de l’administration du Tourisme et celle du Transport notamment. Encore faut-il qu’elles aient la moindre considération pour les employés du secteur.
Au sein de la FTAV, on est cependant déterminé à faire entendre la voix d’une profession qui constate avec amertume que la révolution ne s’est pas encore faite dans son rayon d’activité.
Note aux rédacteurs : la FTAV organisera au cours de la semaine prochaine une rencontre spécialement dédiée aux représentants des médias pour leur exposer la situation ainsi que les résultats des tractations sur les dossiers en cours.